Surveillance du grain entreposé à des fins de prévention des infestations par les insectes ravageurs
L’inspection toutes les deux semaines du grain entreposé en cellule est l’une des meilleures façons de prévenir les infestations par les insectes, car elle permet de déceler les signes précoces de détérioration ou d’infestation. La section décrit plusieurs dispositifs qui peuvent être utilisés pour prélever des échantillons de grain et vérifier la présence d’insectes.
Piégeage des insectes
L’utilisation de pièges pour déterminer la présence d’insectes ravageurs dans le grain entreposé est un moyen simple et peu coûteux de surveiller les infestations et d’identifier les insectes ravageurs afin de pouvoir prendre des décisions concernant la lutte contre les insectes.
Utilisation de pièges-fosses
Les pièges-fosses de type sonde comptent parmi les divers types de pièges qui peuvent être utilisés dans les denrées entreposées. La photo de gauche montre deux types de pièges-fosses :
- Piège-fosse avec appât de phéromone (coin supérieur gauche)
- Piège ouvert (à gauche) et fermé (à droite). Le piège est fermé lorsqu’il est utilisé.
- Piège-fosse de type sonde avec appât de phéromone (coin inférieur droit)
- Piège intact auquel on a attaché une ficelle et, en dessous, composantes internes du piège
Les pièges-fosses de type sonde doivent être enfoncés dans le haut de la masse, près du centre. Les insectes se déplacent généralement vers cette zone de la masse lorsque celle-ci se refroidit.
Une fois le grain nivelé, les pièges à fosse de type sonde doivent y être enfoncés le plus rapidement possible. Ils doivent être insérés dans le grain de manière à ce que leur partie supérieure se trouve à au plus quelques centimètres sous la surface. Une ficelle ou une corde de couleur vive est attachée au piège pour en faciliter l’extraction.
Il faut retirer les pièges du grain tous les 10 à 14 jours afin de vérifier s’ils contiennent des insectes. Cet exercice doit être répété jusqu’à ce que la température du grain soit inférieure à 18 °C. Par la suite, des vérifications mensuelles sont suffisantes. Si la vérification révèle la présence d’insectes, on pourra recourir à des traitements comme la ventilation, le transilage et le transbordement du grain ou la fumigation ou l’application d’un insecticide de contact.
Le nombre de pièges à utiliser dépend de la capacité des cellules :
- cellules d’une capacité de moins de 25 tonnes (900 boisseaux) : 1 à 2 pièges
- cellules d’une capacité de 25 à 50 tonnes (900 à 1 800 boisseaux) : 2 à 3 pièges
- cellules d’une capacité de plus de 50 tonnes (1 800 boisseaux) : 3 à 5 pièges. Le premier piège doit être enfoncé au centre, et les autres, dans un rayon d’environ 1 m à partir du centre.
Échantillonnage à l’aide de sondes et de tamis
S’il est impossible d’installer et de surveiller des pièges, notamment lorsque le grain est entreposé dans des trémies faites de pièces d’acier soudées restreignant l’accès au grain, l’échantillonnage, l’examen et le tamisage sont des méthodes de surveillance du grain efficaces.
On utilise des sondes de type torpille pour échantillonner le grain à diverses profondeurs. Pour ce faire, il faut :
- enfoncer la sonde de manière à ce que sa partie supérieure se trouve à 10 à 15 centimètres sous la surface du grain;
- sonder le grain à l’endroit et à la profondeur où la sonde a été enfoncée jusqu’à obtention d’un échantillon d’environ 500 grammes;
- prélever plusieurs échantillons dans la mesure du possible.
Un dispositif d’échantillonnage du grain peut également être utilisé à cette fin, mais son utilisation exige un accès complet au grain en vrac. Pour ce faire, il faut :
- enfoncer la sonde de manière à ce que toutes ses sections soient immergées dans le grain;
- ouvrir le clapet de la sonde suffisamment longtemps pour permettre au dispositif de se remplir;
- fermer le clapet de la sonde, retirer le grain et inspecter l’échantillon.
L’inspection du grain peut se faire à l’aide des tamis suivants :
- blé et orge : tamis no 10 (mailles de 2 millimètres);
- canola : tamis no 20 (mailles de 0,85 millimètre);
- Il est important de bien agiter les échantillons dans le tamis (au moins 20 fois).
Il faut examiner minutieusement le grain qui reste dans le tamis et les criblures dans le bac de réception. De nombreux insectes associés au grain entreposé sont de très petite taille et se retrouvent souvent parmi les impuretés recueillies dans le bac de réception. Il faut donc bien examiner, sous un éclairage puissant (ampoule de 60 à 100 Watts), les criblures dispersées sur une surface de couleur claire. Sous l’effet de la chaleur et de la lumière dégagées par l’ampoule, les insectes chercheront à fuir, ce qui facilitera leur détection.
La présence de grains dont l’albumen présente des perforations concaves ou dont le germe a été complètement dévoré peut être un signe d’infestation par des insectes. Certains insectes infligent des dommages distinctifs. Par exemple, le cucujide roux fore de petits trous d’émergence dans le germe. Si des dommages sont décelés mais aucun insecte n’est trouvé, il est recommandé de prélever et d’examiner un autre échantillon afin de vérifier s’il contient des insectes.
Utilisation d’un entonnoir de Berlese
Lorsqu’on soupçonne une infestation dans le grain entreposé en cellule, il est possible de soumettre un échantillon de grain aux laboratoires d’entomologie de la Commission canadienne des grains à des fins d’analyse. Le personnel des laboratoires d’entomologie utilise une méthode d’extraction à l’entonnoir de Berlese pour examiner les échantillons et y déceler la présence éventuelle d’insectes.
L’extraction à l’entonnoir de Berlese s’effectue comme suit :
- une ampoule de 60 Watts entourée d’un écran réfléchissant est suspendue au-dessus d’un entonnoir contenant environ 1 000 grammes de grain potentiellement infesté;
- un récipient collecteur est placé sous l’entonnoir;
- de l’eau est versée dans le récipient collecteur afin d’empêcher les insectes de s’échapper;
- après plusieurs heures, la lumière et la chaleur dégagées par l’ampoule et l’écran réfléchissant auront forcé les insectes à se déplacer du grain vers le récipient collecteur; il suffit alors de les recueillir pour les identifier.
Tarare
Mode d’emploi : après avoir fait passer un échantillon de grain dans un tarare Carter, on récupère les insectes recueillis dans le bac aspirateur (près de la partie supérieure de la machine) ou le plateau de collecte des impuretés les plus fines.
Identification des insectes détectés
Si des insectes sont découverts, il est important d’identifier les espèces présentes avant d’intervenir. De nombreux insectes se ressemblent mais diffèrent par leur comportement ou les dommages qu’ils infligent. Leur présence peut révéler différents problèmes liés à l’état du grain. Les deux insectes mentionnés ci-dessous se ressemblent énormément :
Ravageur secondaire (insecte fongivore)
La présence d’insectes tels que le cucujide des grains peut révéler la contamination du grain par des champignons. Le recours à une méthode de traitement simple comme la ventilation permet généralement de remédier à la situation.
Ravageur primaire (insecte granivore)
La présence d’insectes tels que le cucujide roux indique que le grain lui-même est endommagé. Dans ce cas, le recours à un insecticide ou à un autre traitement approprié peut s’imposer pour enrayer l’infestation et prévenir d’autres dommages.